Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 1, Garnier, 1850.djvu/236

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ni fondées à M. Blanc : il attend l’épreuve avec calme, bien sûr que la société ne se dérangera pas pour lui donner le démenti.

Et les questions si complexes, si embrouillées de l’impôt, du crédit, du commerce international, de la propriété, de l’hérédité : M. Blanc les a-t-il approfondies ? Et le problème de la population, l’a-t-il résolu ? Non, non, non, mille fois non : quand M. Blanc ne tranche pas une difficulté, il l’élimine. À propos de la population, il dit : « Comme il n’y a que la misère qui soit prolifique, et comme l’atelier social fera disparaître la misère, il n’y a pas lieu de s’en occuper. »

En vain M. de Sismondi, appuyé sur l’expérience universelle, lui crie : « Nous n’avons aucune confiance dans ceux qui exercent des pouvoirs délégués. Nous croyons que toute corporation fera plus mal ses affaires que ceux qui sont animés par un intérêt individuel ; qu’il y aura de la part des directeurs négligence, faste, dilapidation, favoritisme, crainte de se compromettre, tous les défauts enfin qu’on remarque dans l’administration de la fortune publique, par opposition à la fortune privée. Nous croyons de plus que dans une assemblée d’actionnaires on ne trouvera qu’inattention, caprice, négligence, et qu’une entreprise mercantile serait constamment compromise et bientôt ruinée, si elle devait dépendre d’une assemblée délibérante et d’un commerçant. » M. Blanc n’entend rien ; il s’étourdit avec la sonorité de ses phrases : l’intérêt privé, il le remplace par le dévouement à la chose publique ; à la concurrence, il substitue l’émulation et les récompenses. Après avoir posé en principe la hiérarchie industrielle, conséquence nécessaire de sa foi en Dieu, à l’autorité et au génie, il s’abandonne à des puissances mystiques, idoles de son cœur et de son imagination.

Ainsi, M. Blanc débute par un coup d’état, ou plutôt, suivant son expression originale, par une application de la force d’initiative qu’il crée au pouvoir ; et il frappe une contribution extraordinaire sur les riches, afin de commanditer le prolétariat. La logique de M. Blanc est toute simple, c’est celle de la République : Le pouvoir veut ce que le peuple veut, et ce que le peuple veut est vrai. Singulière façon de réformer la société que de comprimer ses tendances les plus