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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/230

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laisser faire, sauf à discuter la taxe qui lui est imposée et à défendre ses intérêts ?

Ces réflexions nous avertissent que l’impôt sur le capital, au moins quant aux mœurs, n’est pas un progrès. Ses procédés, dont les républiques d’Athènes et de Rome attestent la violence, sont du premier âge de la civilisation ; ils nous font souvenir, chose que n’a point relevée M. de Parieu, que l’impôt dans ces temps antiques était le privilége de la vile multitude, le sceau de l’esclavage ; qu’à ce titre il était en horreur aux riches et aux propriétaires, tous patriciens, affranchis par le droit de leur caste de tout impôt, à telles enseignes que, pour en tirer, dans le danger de la république, une modeste contribution, il ne fallait pas moins que la menace de confiscation et de mort. Nos réformateurs se croient en progrès, et à chaque instant nous les surprenons en flagrant délit d’anachronisme.

Suspect à la liberté et à la dignité du citoyen par ses formes comminatoires et ses exécutions sommaires, l’impôt sur le capital répond-il du moins aux conditions d’un impôt équitable, rationnel, tel enfin que le réclament d’un commun accord la justice et la science économique ?

Suivons pied à pied la pensée de M. de Girardin.

Dès le début de ce travail, en donnant, selon le droit nouveau et la notion moderne de l’État, la définition de l’impôt, nous avons eu occasion de constater le défaut de justesse, ou pour mieux dire la confusion des idées du célèbre publiciste. Il assimile l’impôt à l’assurance, qui plus est à une assurance forcée,