ce qui est le renversement de toutes les notions de justice, de société, d’État, de gouvernement, de liberté, par suite la condamnation absolue du principe même de l’impôt. Partant d’une définition fausse, M. de Girardin pouvait-il arriver à une solution du problème ? Il suffit de formuler la question, pour faire surgir la réponse. L’impôt sur le capital, tel surtout que l’a conçu et organisé M. de Girardin, est une utopie comme toutes les autres espèces d’impôt. On peut en essayer, le généraliser, le faire servir à l’assurance, aux passe-ports, aux livrets, à tout ce que l’on voudra : on n’en fera pas sortir, pour la société, un atome de richesse ; pour les masses une ombre d’allégement ; pour la théorie des rapports entre le citoyen et l’État, le moindre rayon.
Et d’abord, l’idée d’imposer le capital est contraire au principe même de l’impôt. L’impôt est l’expression d’un échange entre le citoyen et l’État. C’est le prix payé par le premier au second, pour la quote-part de service qu’il en retire, service qui naturellement est proportionné au capital, mais dont le prix est acquitté par le produit.
Peut-être traitera-t-on cette observation de chicane. On dira que, par impôt sur le capital, M. de Girardin a voulu dire ce que nous disons nous-mêmes, une contribution proportionnée au capital, bien qu’elle doive être prise sur le revenu. À qui voudrait ainsi justifier le langage de M. de Girardin, il répondrait lui-même que c’est bien sur le capital qu’il a entendu asseoir son impôt, de quelque manière d’ailleurs que