Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/69

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mille hommes, pour lesquels l’État dépense, bon an, mal an, 500 millions que le pays est obligé de fournir. Ces 500,000 hommes, ou ne font rien, ou ne servent qu’à remporter des victoires dont la gloire est tout le profit, à faire des conquêtes plus onéreuses qu’utiles. Naturellement, si ces 500,000 hommes n’avaient pas été engagés au service, ils auraient également consommé une somme de 500 millions : seulement, au lieu de recevoir leur paye du fisc, ils auraient dû la gagner par le travail, ce qui signifie que, contre les 500 millions écus qui leur ont été comptés, ils auraient donné 500 millions de produits. L’État les tenant à rien faire, ou les occupant improductivement, comme dit Adam Smith, il y a eu de ce côté manque à gagner de 500 millions pour le pays, qui se trouve par conséquent en déficit, du fait de l’armée et de l’impôt, de pareille somme. On peut faire le même raisonnement sur la plus grande partie du budget, et dire que tout ce qui sert à payer soldats, agents de police, sinécuristes, rentiers, etc., toutes gens qui mangent ferme et ne font œuvre d’utilité, constitue pour le pays une consommation improductive.

Supposons, pour rendre la chose encore plus sensible, que l’État, à force de s’étendre, finisse par englober l’économie nationale tout entière ; que, comme on en a vu des exemples, non content de ses attributions politiques, judiciaires, diplomatiques, etc., il s’arrogeât encore les fonctions agricoles-industrielles. Supposons qu’en conséquence le chef de l’État, maître du travail et des travailleurs, arbitre souverain de