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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/85

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exposée à toutes les critiques, à toutes les protestations, elle n’a de force que par le Droit et la Vérité ; — qu’autrefois, l’intérêt de l’État se confondait avec l’intérêt des princes, ce qui faussait l’administration et faisait trébucher la justice, tandis qu’aujourd’hui une semblable confusion d’intérêts constitue le crime de concussion et de prévarication ; — qu’autrefois, enfin, le sujet ne paraissait qu’à genoux devant son souverain, comme on le voyait dans les États généraux, tandis que depuis la Révolution le citoyen traite avec l’État d’égal à égal, ce qui fait précisément que nous avons pu définir l’impôt un échange, et considérer l’État, dans l’administration des deniers publics, comme un simple échangiste.

L’État a conservé son pouvoir, sa force, qui seule le rend estimable, constitue son crédit, lui crée des attributions et prérogatives, mais il a perdu son autorité, il n’a plus que des Droits, garantis par les droits et les intérêts des citoyens eux-mêmes. Il est lui-même, si l’on peut ainsi dire, une espèce de citoyen ; il est une personne civile, comme le sont les familles, les sociétés de commerce, les corporations, les communes. De même qu’il n’est pas souverain, il n’est pas non plus serviteur, comme on l’a dit, ce qui serait le refaire despote : il est le premier entre ses pairs.

Ainsi la liberté, qui ne comptait pour rien dans l’État, subordonnée, absorbée qu’elle était par le bon plaisir du souverain, la liberté est devenue une puissance égale en dignité à l’État. Sa définition vis-à-vis