Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/148

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été rendus par la loi divisibles et aliénables, et la primogéniture abolie, comme cela a lieu pour les propriétés allodiales.

On sait comment s’est opérée la Révolution française. Vente et mobilisation d’un tiers du territoire, a titre de propriété allodiale, abolition de tous les anciens droits féodaux, abolition de la primogéniture ; conversion des fiefs, non vendus, en propriété allodiales : voilà ce qui a fait de la France une démocratie.

En 1799, la nouvelle propriété se manifeste par un coup d’État et abolit la République. Quatorze ans après, mécontente de l’Empereur, qui l’avait contenue, elle abandonne Napoléon et décide la chute du système- impérial. — C’est la propriété qui, en 1830, fait tomber Charles X ; c’est elle encore qui, en 1848, fait tomber Louis-Philippe. La haute bourgeoisie ou grande propriété était divisée ; la classe moyenne ou petite propriété était ameutée ; une poignée de républicains, suivis de quelques hommes du peuple, décida la chose. Louis-Philippe écarté, la logique voulait donc que le Pouvoir passât aux républicains. Mais la logique ne fait pas la force ; la propriété, un moment surprise, reparut bientôt, et pour la seconde fois se débarrassa de la république. La plèbe n’ayant rien, la démocratie reposait sur le néant. Le coup d’État du 2 décembre a réussi, comme celui du 18 brumaire, par l’appui de la. propriété. Louis-Napoléon n’a fait que devancer le vœu de la bourgeoisie, d’autant plus certain du succès que la plèbe voyait en lui un Protecteur contre l’exploitation bourgeoise.