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Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/176

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On dirait une bouffonnerie de Panurge. Jamais, certes, législateur, prince ou assemblée nationale, ne se fût avisé d’une pareille idée ; et c’est pour moi la preuve que la propriété n’est pas d’institution législative ; qu’elle n’a pas été décrétée par une assemblée de représentants, prononçant après mûre délibération et en connaissance de cause ; elle est le produit de la spontanéité sociale, l’expression d’une volonté sûre d’elle-même, et qui S’affirme également dans les individus et dans la masse.

Remarquons la raison profonde, de cette constitution. Il y a des choses, s’est dit la sagesse des nations, pour lesquelles la conscience humaine exige pleine et entière liberté, et repousse toute espèce de réglementation. De ce nombre sont l’amour, l’art, le travail ; il faut y joindre la propriété.

Au point de vue de la perfection morale, toute affection de l’âme, tout acte de la volonté ; étant plus ou moins empreint d’égoïsme, peut être réputé péché ou induisant à péché. Il n’y a que le sentiment du droit qui soit pur, la Justice étant incorruptible par nature, ne pouvant jamais nuire, servant au contraire de panacée. Ainsi l’amour, fleur de la vie, soutien de la création, sans lequel toute existence est désolée, l’amour n’est pas pur : malgré les charmes que lui prête la poésie, il se résout finalement en impudicité et corruption. Que fera donc ici le législateur moraliste ? Ira-t-il, après avoir institué le mariage et tiré la famille de la promiscuité, imposer un règlement auxépoux, faire des lois d’alcôve, tantôt inviter à l’action, tantôt