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Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/43

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La liberté, c’est le droit qui appartient a l’homme d’user de ses facultés et d’en user comme il lui plaît. Ce droit ne va pas sans doute jusqu’à celui d’abuser. Mais il faut distinguer deux genres d’abus : le premier comprenant tous ceux dont l’abusant subit seul les conséquences ; le second comprenant tous les abus qui portent atteinte au droit des autres (droit à la liberté et droit à l’usage gratuit de la terre ou des matières). Tant que l’homme n’abuse que contre lui-même, la société n’a pas le droit d’intervenir ; si elle intervient, elle abuse. Le citoyen ne doit avoir ici d’autre législateur que sa raison ; il manquerait au respect de lui-même, il serait indigne, s’il acceptait ici une autre police que celle de sa liberté. Je dis plus : la société doit être organisée de telle sorte que, les abus du second genre y étant de plus en plus impossibles, elle ait de moins en moins besoin d’intervenir pour les réprimer. Sinon, si elle se rapproche progressivement du communisme, au lieu de se rapprocher de l’anarchie ou gouvernement de l’homme par lui-même, (en anglais : self-government), l’organisation sociale est abusive.

Ainsi, je ne me bornais pas à protester contre les abus que les citoyens, pris individuellement, peuvent faire de la terre ou des matières dont ils sont les détenteurs ; je protestais non moins énergiquement contre les abus que, sous le nom d’État ou sous celui de société, peuvent en faire ces mêmes citoyens pris collectivement.

Donc, me disais-je en 1844, pas de possession réglementée.