Aller au contenu

Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pourvu qu’il ait payé les salaires de ceux qui ont donné avant lui une forme, une façon, une utilité nouvelle aux matières dont il est le détenteur, le manufacturier doit être libre de consommer ces matières à sa guise. Il y a plus ! il doit être libre de refuser la vente de ses produits au-dessous du prix qui lui plait. Ce n’est pas en établissant le maximum que la société détruira les profits du commerce ; ce n’est pas en interdisant les prêts usuraires qu’elle détruira l’intérêt : c’est en organisant dans son sein des institutions de mutualité.

Ces institutions une fois créées, quelle différence y aura-t-il, relativement aux biens-meubles, entre la propriété et la possession non réglementée ? Aucune.

Si, comme l’intérêt des capitaux et les profits du commerce, la rente foncière était un pur produit de l’égoïsme des personnes, si elle ne résultait pas encore et surtout de la nature des choses, de la différence de fertilité des terres et du chiffre de la population, il ne serait pas impossible de l’annuler par des institutions de mutualité. Dans ce cas, je dirais de la propriété foncière ce que je dis déjà de la propriété mobilière : qu’elle peut devenir irréprochable sans cesser de satisfaire à la définition qu’en donnent les jurisconsultes. Mais ce que je comprends parfaitement, et que je ne dois pas oublier en cherchant à résoudre le problème de la propriété foncière, c’est que la liberté des travailleurs doit être aussi grande dans les industries extractives que dans les industries manufacturières.