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CHAPITRE II


Que la propriété est absolue : préjugé défavorable à l’absolutisme.


La reconnaissance ou institution de la propriété est l’acte le plus extraordinaire, sinon le plus mystérieux, de la Raison collective, acte d’autant plus extraordinaire et mystérieux que, par son principe, la propriété répugne à la collectivité autant qu’à la raison. Rien de plus simple, de plus clair que le fait matériel de l’appropriation : un coin de terre est inoccupé ; un homme vient et s’y établit, exactement comme fait l’aigle dans son canton, le renard dans un terrier, l’oiseau sur la branche, le papillon sur la fleur, l’abeille dans le creux de l’arbre ou du rocher. Ce n’est là, je le répète, qu’un simple fait, sollicité par le besoin, accompli d’instinct, puis affirmé par l’égoïsme et défendu par la force. Voilà l’origine de toute propriété. Vient ensuite la Société, la Loi, la Raison générale, le Consentement universel, toutes les autorités divines et humaines, qui reconnaissent, consacrent cette usucapion, dites, — vous le pouvez sans crainte, — cette usurpation. Pourquoi ? Ici la Jurispru-