Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vaillez pendant que vous avez encore la lumière.  » Il me semble que j’aurais ainsi à dire sur Sainte-Beuve, et bientôt beaucoup plus à propos de lui que sur lui-même, des choses qui ont peut-être leur importance, quand, montrant en quoi il a péché, à mon avis, comme écrivain et comme critique, j’arriverais peut-être à dire, sur ce que doit être le critique et sur ce qu’est l’art, quelques choses auxquelles j’ai souvent pensé. En passant, et à propos de lui, comme il a fait si souvent, je le prendrais comme occasion de parler de certaines formes de la vie, je pourrais dire quelques mots de quelques-uns de ses contemporains, sur lesquels j’ai aussi quelque avis. Et puis, après avoir critiqué les autres et lâchant cette fois Sainte-Beuve tout à fait, je tâcherais de dire ce qu’aurait été pour moi l’art, si….

«  Sainte-Beuve abonde en distinctions, volontiers en subtilités, afin de mieux noter jusqu’à la plus fine nuance. Il multiplie les anecdotes, afin de multiplier les points de vue. C’est l’individuel et le particulier qui le préoccupent, et par-dessus cette minutieuse investigation, il fait planer un certain Idéal de règle esthétique, grâce auquel il conclut et nous contraint à conclure.  »