crut devoir la faire précéder, je dirai franchement l’affaiblir encore, par un petit préambule où il dit que cette lettre avait été écrite « dans la pensée de venir en aide à la défense ». Et voici comment dans ce préambule il parle des Fleurs du Mal, bien que cette fois-ci, où il ne s’adresse plus au poète « son ami », il n’ait plus à le gronder et il pourrait être question de compliments : « Le poète Baudelaire… avait mis des années à extraire de tout sujet de toute fleur (cela veut dire à écrire Les Fleurs du Mal) un suc vénéneux, et même, il faut le dire, assez agréablement vénéneux. C’était d’ailleurs (toujours la même chose !) un homme d’esprit ( !), assez aimable à ses heures (en effet, il lui écrivait : « J’ai besoin de vous voir comme Antée de toucher la terre » ) et très capable d’affection (c’est en effet tout ce qu’il y a à dire sur l’auteur des Fleurs du Mal. Sainte-Beuve nous a déjà dit de même que Stendhal était modeste et Flaubert bon garçon). Lorsqu’il eut publié ce recueil intitulé : Fleurs du Mal ( « Je sais que vous faites des vers, n’avez-vous jamais été tenté d’en donner un petit recueil ? », disait un homme du monde à Mme de Noailles), il n’eut pas seulement affaire à la critique, la justice s’en mêla, comme s’il y avait véritablement danger à ces malices enveloppées et sous-entendues dans des rimes élégantes… ». Puis les lignes ayant l’air d’excuser (du moins, c’est mon impression) par la raison du service à rendre à l’accusé les éloges de la lettre. Remar-