Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/198

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le Prince, puisqu’il est duc  ? Pourquoi dites-vous Mme la duchesse, comme un domestique, etc.  » Mais, depuis qu’ils savent que c’est l’usage, ils croient l’avoir toujours su, ou s’ils se rappellent avoir fait ces objections, n’en font pas moins la leçon aux autres, et prennent plaisir à leur expliquer les usages du grand monde, usages qu’ils connaissent depuis peu de temps. Leur ton péremptoire de savants de la veille est précisément celui de Balzac quand il dit ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Présentation de d’Arthez à la princesse de Cadignan  : «  La princesse ne fit à l’homme célèbre aucun de ces compliments dont l’accablaient les gens vulgaires. Les personnes pleines de goût comme la princesse se distinguent surtout par leur manière d’écouter. Au dîner, d’Arthez fut placé près de la princesse qui, loin d’imiter les exagérations de diète que se permettent les minaudières, mangea, etc.  » Présentation de Félix de Vandenesse à Mme de Mortsauf  : «  Mme de Mortsauf entama sur le pays, sur les récoltes, une conversation à laquelle j’étais étranger. Chez une maîtresse de maison, cette façon d’agir atteste un manque d’éducation, etc. Mais à quelques mois de là, je compris combien était significatif, etc.  » Là, du moins, ce ton de certitude s’explique, puisqu’il ne fait que constater des usages. Mais il gardera le même quand il portera un jugement  : «  Dans le monde, personne ne s’intéresse à une souffrance, à un malheur, tout y est parole  » – ou donnera