Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/232

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dire dans ses Essais de Critique que le premier volume du Capitaine Fracasse est admirable et que le second est insipide, que dans Le Père Goriot tout ce qui se rapporte à Goriot est de premier ordre et tout ce qui se rapporte à Rastignac du dernier (ordre), je suis aussi étonné que si j’entendais dire que les environs de Combray étaient laids du côté de Méséglise mais beaux du côté de Guermantes. Quand M. Faguet continue en disant que les amateurs ne lisent pas Le Capitaine Fracasse au-delà du premier volume, je ne peux que plaindre les amateurs, moi qui ai tant aimé le second, mais quand il ajoute que le premier volume a été écrit pour les amateurs et le second pour les écoliers, ma pitié pour les amateurs se change en mépris pour moi-même, car je découvre combien je suis resté écolier. Enfin quand il assure que c’est avec le plus profond ennui que Gautier a écrit ce second volume, je suis bien étonné que cela ait jamais pu être si ennuyeux d’écrire une chose qui fût plus tard si amusante à lire.

Ainsi de Balzac, où Sainte-Beuve et Faguet distinguent et démêlent, trouvent que le commencement est admirable et que la fin ne vaut rien.