Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/93

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cation de sa conduite hypocrite devant le médecin.

– Naturellement ton frère te soutiendra, parce que ces deux petits-là sont toujours unis contre leur Maman. Tu te moques de ma médecine, mais demande à M. Bouchard ce qu’il pense de ta Maman, et s’il ne trouve pas qu’elle avait les bons principes pour soigner ses enfants. Tu as beau te moquer de moi, c’était le bon temps où tu allais bien, quand tu étais sous mon gouvernement et que tu étais obligé de faire ce que Maman te disait. Etais-tu plus malheureux pour cela, voyons  ?

Et comme Maman a fini de se coiffer, elle me ramène dans ma chambre où je vais me coucher.

– Ma petite Maman, tu vois qu’il est tard  : je n’ai pas besoin de te faire de recommandation pour le bruit.

– Non, crétin. Pourquoi ne me dis-tu pas aussi de ne laisser entrer personne, de ne pas jouer du piano  ? Est-ce que j’ai l’habitude de te laisser éveiller  ?

– Mais ces ouvriers qui devaient venir au-dessus  ?

– On les a décommandés. Les ordres sont donnés, tout nous paraît tranquille.

Point d’ordre, point de bruit sur la ville.

Et tâche de dormir le plus tard possible, on ne te fera pas l’ombre de bruit jusqu’à cinq heures,