Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

six heures si tu veux, on te fera durer ta nuit aussi tard que tu voudras.

Eh là là  ! Madame la Nuit
Un peu doucement, je vous prie,
Que vos chevaux, aux petits pas réduits,
De cette nuit délicieuse
Fassent la plus longue des nuits.

Et c’est mon Loup qui finira par trouver qu’elle est trop longue et qui demandera du bruit. C’est toi qui diras  :

Cette nuit en longueur me semble sans pareille.

– Est-ce que tu vas sortir  ?

– Oui.

– Mais n’oublie pas de dire qu’on ne laisse entrer personne.

– Non, j’ai déjà posté Félicie ici.

– Peut-être ferais-tu bien de laisser un petit mot à Robert dans la crainte, s’il sait, qu’il n’entre directement chez moi.

– Entrer directement chez toi  !

Peut-il dont ignorer quelle sévère loi
Aux timides mortels cache ici notre roi,
Que la mort est le prix de tout audacieux
Qui sans être appelé se présente à ses yeux  ?