Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/33

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voulait pas de cet accord. « Il faut parier, dit Pascal. Cela n’est pas volontaire, vous êtes embarqué. » Maurice était honnête. Il ne voulait pas retirer des récits de Nangès d’agréables émotions et en même temps refuser de le suivre jusqu’où il voulait l’entraîner, prendre tout et ne rien donner. Dans une semblable dispute, il comprenait qu’il ne s’agissait pas d’être pour jusqu’à un certain point, ou contre jusqu’à un certain point. Il était parfaitement intolérable que le cœur assignât une limite et la raison une autre limite, que l’imagination trouvât son compte, mais que la pure doctrine trouvât le sien aussi. Entre ces deux points extrêmes, la place était intenable. Il fallait aviser.

Et c’est ce qu’exprima justement le capitaine Nangès, lorsqu’il eût payé l’hôtelière et que, sur la route départementale de Melun, il eût retrouvé son ami :

— Toutes ces agitations — c’était d’une campagne saharienne qu’il parlait — toutes ces agitations ne sont rien sans l’idée qui leur donne un sens. Ce n’est pas un grand honneur, mon cher Maurice, que de mourir de soit dans un désert. Mais c’en est un que d’avoir