Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/34

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une idée, ou, si tu veux, bien que le mot soit condamné, une foi. On nous accuse d’être une force du passé. C’est vrai. Il n’y a point d’accommodements possibles avec nous, point d’adaptations ni de transactions d’aucune sorte. Un soldat est un homme d’une simplicité merveilleuse. Notre livre ne se compose que de quelques théorèmes qui suffisent à nos besoins. Mais là, par exemple, rien à retrancher ni à ajouter. Si l’on retranche ou si l’on ajoute, si peu que ce soit, on détruit tout. La moindre adjonction, la moindre suppression, amènent une déviation infinie. Je ne demande pas…

Ah ! combien cette première position était habile dans sa candeur, et justement par cette candeur même ! Le capitaine ne parlait pas souvent ainsi. Seulement, il faut le dire, pendant les longues promenades des derniers jours, le jeune Maurice Vincent l’avait prodigieusement intéressé. Non pas, nous l’avons dit, qu’ils eussent échangé beaucoup de mots. Mais Maurice lui semblait un type essentiel, ou, comme dit Emerson, « un homme représentatif ».

Il avait manifestement les vertus de la race, l’esprit orné et latin, mais attaché à la terre,