Aller au contenu

Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout près du sol. Il excellait à la chasse et s’y montrait tout entier, hardi, décidé, plein de bon sens et de finesse, ingénieux. La chasse est moins en France le sport du grand seigneur que celui des gens de la classe même de Vincent : paysans riches, petits bourgeois, demi-bourgeois, petits fonctionnaires, humbles hobereaux campagnards. Maurice Vincent, en pantalon de velours, en jambières de toile grise, la veste ouverte sur un tricot de grosse laine, avec son air réfléchi, son parler lent, un peu traînant, est typique. Il est, en effet, une représentation éminente, et qui peut prendre, dans ce décor de l’Île-de-France, toute sa valeur. Et ce que Nangès a cru remarquer chez lui dans ses promenades, c’est une sorte de gravité, un certain ton élevé, le besoin d’un système, joint à une spontanéité naïve, mais le besoin, tout de même, d’un système d’idées, d’une logique idéale.

C’est une chose merveilleuse en France que l’on puisse toucher le plus humble jeune homme par de la foi, et pourvu que des raisons supérieures soient mises en jeu.

— Je ne demande pas, continuait Nangès, que tu entendes tout ce que je dis. Beaucoup