Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de soldats, hélas ! ne l’entendent pas. On se révolte contre certaines mesquineries. Ceux même qui ne blâment pas l’ensemble blâment le détail, la rudesse des caporaux, l’inutilité de certaines « vexations » ou de certaines fatigues imposées sans qu’on en voie bien la raison, le mépris que l’on a souvent à la caserne pour le « bachelier » ou l’ « intellectuel », telle dureté qui broie trop l’individu. À un degré supérieur, d’autres qui ne blâment pas le principe, blâment l’application du principe, son utilisation éventuelle, et c’est alors l’armée conquérante que l’on vise. Tous ont tort. Il faut choisir. C’est un tout immuable : chaque chose y a sa place, ou il n’est rien. « Celui qui n’est pas pour moi est contre moi. Tu as beaucoup lu, mon cher enfant, et les propos de tes aînés ont mis en toi le trouble de la conscience moderne. Mais dans ce qui m’occupe maintenant, les lectures sont peu de chose. L’armée est un article de foi. Je ne te requiers pas, si encore tu me suis jusqu’ici, de rester toute ta vie dans l’armée. Mais j’aimerais qu’en allant au service, tu eusses l’idée préconçue de trouver tout bien. Je te citerai encore ce grand Pascal. Il voulait que l’on fit les gestes de la