Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/58

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chères, et aussi il savait suivre la perdrix grise ou l’outarde. La chasse était le seul sport qu’il eût jamais cultivé. Il avait trouvé dans le jeu solitaire de la chasse, dans le jeu antique, le premier de tous, dans le jeu rural entre tous et paysan de la chasse, l’emploi qui convenait à la dépense qu’il entendait faire de ses réserves d’énergie. Il avait remarqué, un jour qu’il était allé battre les chaumes qui avoisinent le petit village de la Chapelle, que dans la chasse on était deux : d’une part, le gibier poursuivi, les bêtes, et plus généralement la terre qui est la vraie compagne, et d’autre part, le chasseur. C’était le seul compagnonnage où ce sauvage pouvait se plaire. Tout autre l’eût dégoûté comme une écœurante vulgarité. Ainsi, dans ses jeux, apparaissait une double préoccupation : d’abord un certain goût, une pointe de sauvagerie qui devint plus tard chez lui le désir de se développer en dehors de toute convention sociale, de situation (comme lorsqu’on dit : « Il a une belle situation ») et ensuite la préoccupation de vivre selon un type d’harmonie qu’il s’efforçait, non sans troubles et non sans heurts, de définir.

Le grand sujet de ses méditations désordon-