Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/59

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nées était le choix d’une profession, et d’abord sur quoi baser ce choix. Devait-il bâtir sa carrière sur l’ambition ? Chercherait-il la gloire, ou plus modestement la célébrité ? Ou, au contraire, se replierait-il obscurément selon sa loi intérieure, selon le canon de perfection morale auquel il s’arrêterait ? Quelle naïveté ! Mais il n’avait pas vingt ans et de tels débats sont permis à cet âge. Un jour, à Chelles, n’avait-il pas eu l’idée de se faire moine ? D’autres fois, secoué un moment par les théories du père Vincent, il pensait devenir un grand agitateur, remuer les masses et les mener où il voudrait.

Pourtant il avait fini par prendre une décision sérieuse et qui était en même temps, pour ce fougueux jeune homme, la plus sage. Maurice Vincent se destinait aux carrières du livre : typographie ou librairie. Outre que ce parti s’accordait à merveille avec les nécessités sociales auxquelles il était soumis, il plaisait aussi à M. Vincent le père, la corporation des typographes lui ayant toujours semblé une des plus ardentes dans le bon combat où il était lui-même devenu un capitaine. Maurice, lui, Voyait autre chose, devinait plutôt tout autre