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IV

Il advint que Timothée Nangès eut le souvenir de cet enfant un jour qu’il était dans le lit de sa maîtresse, laquelle était bien faite de corps et désirable. Il se complut à supposer les caresses de ces deux êtres également jeunes, tous deux également aptes à l’amour et également charmants. Il en vint presque à désirer qu’un hasard unît les deux enfants et que lui-même l’ignorât, et qu’il en eût un vague et agréable soupçon. Voilà les imaginations d’un homme resté jeune par le cœur, mais qui tente de réduire son ennui et a vu tant de choses que nul jeu de la pensée ne peut lui rester étranger. Il fit à sa maîtresse son étrange confession :

— Je connais un jeune homme, lui dit-il, dont je souhaiterais que vous fussiez amoureuse. Je ne me lasse pas de me le figurer entre vos bras, et je dois dire que je trouve un charme extrême à cette image.

La belle Valérie accueillit cette confidence