Mais y a-t-il lieu d’assimiler leur mode d’action ? Le principe immatériel des médicaments est d’autant plus énergique dans ses actions que son support matériel est pour ainsi dire annulé ; tandis qu’au contraire les effets de ces trois forces : chaleur, lumière, électricité, sont d’autant plus grands que les foyers matériels d’où ils procèdent ont de plus grandes proportions : ainsi le soleil ne dégage-t-il pas plus de chaleur et de lumière qu’une bougie ? La puissance d’une pile électrique n’augmente-t-elle pas avec l’addition de couples ? et enfin si nous nous servons d’une comparaison grossière, ne ressentirait-on pas davantage les effets produits par 1,000 grammes d’émétique à ceux d’un décillionième du même médicament ?
S’efforçant de faire admettre les idées homœopathiques, les partisans de cette école se sont évertués de trouver une similitude absolue entre l’action des médicaments dynamisés et celle produite par les virus et les venins. Mais il est facile de faire ressortir tout ce qu’il y a d’équivoque dans cette manière de voir. Et d’abord l’activité spéciale des virus s’accroît-elle par les manipulations qui constituent la dynamisation ? Non, bien au contraire ; et les expériences de M. Chauveau le prouvent d’une manière irréfutable. En effet, ce savant a fait en 1858 les expériences suivantes : ayant pris du pus putride, il le dilua dans deux parties d’eau ; il fit une injection sous-cutanée de 40 à 50 gouttes, et comme résultat de cette expérience il obtint un phlegmon gangréneux qui fit succomber l’animal à une infection septique. M. Chauveau, dans une seconde expérience, dilua le pus dans 5 ou 6 parties d’eau ; et de la sorte il obtint encore un phlegmon gangréneux, mais il était localisé et ne fut pas suivi de septicémie. Dilué dans 12 parties d’eau, le pus produisit un phlegmon suppuré mais sans gangrène ni infection. Enfin, dilué dans une quantité plus grande d’eau le pus devint inerte.
Que résulte-t-il de ces expériences ? C’est que le pus, malgré