D’après ce que nous venons de dire, il est évident que l’action spécifique des virus diffère essentiellement de l’action médicamenteuse, si toutefois elle existe.
Tout ce que nous avons dit pour les matières virulentes, nous pourrions le reproduire pour les venins ; nous n’aurions qu’à répéter la même chose.
D’après cet exposé, on voit combien est ridicule et mensongère la doctrine hahnemannienne, et cependant elle compte encore des partisans. Qu’elle en ait eu au moment de son apparition, cela se comprend, car elle était alors nouvelle ; d’un autre côté, le platonisme dominant la médecine, il était permis de chercher à deviner les lois de la nature. Les anciens prosélytes ont donc pour eux l’excuse du temps où ils vivaient. Nais aujourd’hui, en plein dix-neuvième siècle, au moment où la science paraît arriver à son plus haut degré de splendeur, peut-on sincèrement se déclarer partisan des fantaisies du docteur Hahnemann ? de cet empirique antique qui prend pour principe le hasard, les essais, les analogies ; qui néglige la structure et le jeu des organes ; qui ne tient aucun compte de l’anatomie, de la physiologie, et qui bannit la pathologie, qu’on a si bien considérée comme la base du diagnostic et du pronostic ? Est-ce qu’un homme au courant de la science moderne pourra admettre qu’un médicament se dynamise par des manipulations, que son principe immatériel s’isole, et que son activité s’accroisse proportionnellement à l’atténuation de sa gangue naturelle, en sorte que lorsqu’il est réduit à peu près à zéro comme substance, il se trouve dans les meilleures conditions pour lutter contre le génie de la maladie ?
Et cependant ce système tout chimérique compte encore ses adeptes parmi les médecins, et parmi les malades de nombreux croyants. C’est sans doute la foi conservée de ces derniers qui explique l’existence de nos homœopathes actuels, chez qui se trouve assurée leur doctrine.