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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/174

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PHYLLIS

vous libre, cherchez votre intérêt réel. Je vous offre mon nom, mon rang, tout ce que je possède. Je vous conduirai dans l’endroit du monde que vous choisirez, à mon foyer ou à l’étranger. Je serai plus fier et plus heureux que je ne peux l’exprimer si un jour vous consentez à mettre cette petite main dans la mienne.

Il essaya de prendre ma main pendante à mon côté, mais je la retirai avec horreur et lui dis, mes joues brûlantes de fureur, et les yeux flambants :

— Avez-vous enfin fini de m’insulter ? N’avez-vous plus rien à ajouter ? Non ! Eh bien ! écoutez. Même si les circonstances s’y prêtaient jamais, si j’étais libre de mes actes, si vous étiez le dernier homme vivant sur la terre, je ne vous épouserais pas ! Que j’aime ou non mon mari d’amour, c’est une question qui ne concerne que moi. Quoi qu’il en soit, je suis sa femme et le resterai jusqu’à ce que la mort nous sépare. Mais quant à vous aimer, vous ? Je vous considère comme le plus vil et le plus lâche de tous les hommes !

Il eut un mouvement de colère concentrée.

J’insistai, les yeux dans ses yeux :

— Oui, pour être venu ici, en l’absence de votre ami, trahissant, sans doute, sa confiance, insinuer des mensonges à son sujet pour le rabaisser à mes yeux, vous ne méritez qu’horreur et mépris !

Je parlais avec tant d’énergie et de passion que je tremblais littéralement des pieds à la tête. Je me sentais humiliée et insultée au delà de tout.

— Merci, me dit-il tranquillement. Mais, je vous en prie, ne vous arrêtez pas en si beau chemin. Des insultes de la bouche d’une jolie femme sont des fleurs pour moi. Vous reconnaîtrez, plus tard, que vous vous êtes trompée dans la conduite de votre vie, ma chère enfant. Une chance s’offre à vous, le destin vous tend la main et vous la repoussez… Libre à vous ! Allons, fit-il de son air léger en me saluant avec sa grâce habituelle, le jeu ne m’a pas été favorable aujourd’hui : j’ai une revanche à prendre. Au revoir, belle dame, je porterai votre réponse à qui de droit.

Il allait revoir Mark, ce soir peut-être. Qu’était-il capable de lui dire ?

Je répondis vivement :

— Je ne vous charge d’aucun message pour M. Carrington. Je crois qu’une explication est devenue nécessaire entre nous. Je me chargerai moi-même de ce que j’ai à lui dire.

Il laissa échapper un ricanement qui me fit frissonner. Je le fixai avec effroi pendant qu’il tirait sa