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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/179

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PHYLLIS

« Ainsi, Phyllis, décidez, mon sort est entre vos mains.

« À bientôt, je veux l’espérer, toutes mes tendresses et mon cœur meurtri à vos pieds.

« Mark. »

Au dernier mot je laissai retomber mon front sur la lettre, puis je baisai longuement la signature.

Il m’aimait toujours ! Enfin, j’étais convaincue de son amour inaltérable, et cette horrible femme n’était plus rien pour lui.

Oh ! Mark ! J’ai été insensée de douter de vous !

Quelles angoisses je nous aurais épargnées, à vous et à moi, si j’avais eu moi-même un peu plus de confiance et si je n’avais pas laissé une sotte jalousie m’aveugler au point de me faire commettre la sottise de vous fuir…

Soudain, un flot de larmes vint me soulager.

Mais celles-ci n’avaient pas l’amertume des premières que j’avais versées ; malgré tout je me répétais :

« Il m’aime ! il m’aime ! »

Et la joie de posséder son amour tempérait ma douleur d’être séparée de lui.

La mauvaise chance s’en était mêlée, aussi !

Penser que cette lettre avait dormi tout un long mois dans ce tiroir, que je n’aurais eu que la main il étendre, un geste à faire pour la décacheter et ne l’avais point fait !

Et sir Garlyle avait attendu pour venir me trouver que mon mari se trouvât dans le train qui l’emportait. Il était sûr alors que nous ne pourrions avoir d’explication. Le traître !

Ce matin, m’étant expliquée avec mère et lui ayant montré la lettre de Mark, je pleurai encore, doucement, appuyée à son épaule.

Elle caressa mes cheveux qui sont sa gloire et me dit :

— Ton père et le docteur avaient raison, après tout, il n’était pas si coupable que nous le croyions. Vois-tu, ma petite fille, qu’il est toujours dangereux de juger hâtivement. Mon Dieu, il y a bien un peu de ma faute là-dedans, j’aurais dû le recevoir, mais tu m’étais arrivée dans un tel état que je craignais tout pour toi. Le docteur m’a fait peur, et tu ne voulais même pas entendre son nom.

— Oh ! mère, ne vous accusez pas ! Vous avez agi pour le mieux ; si je n’étais pas partie comme une folle et une enfant que je suis, Mark et moi nous serions expliqués et tout eût été fini. Maintenant, il est parti !