Aller au contenu

Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
182
PHYLLIS

XII

25 juin.

Les derniers jours de juin tirent à leur fin. Juillet s’annonce dans toute sa gloire.

Bien que je sois toujours sans nouvelle de celui qui ne quitte jamais ma pensée, le temps et la jeunesse aidant, je suis presque redevenue la Phyllis d’autrefois.

Mes joues ont retrouvé leur couleur et leur rondeur enfantine ; mes yeux, clairs et brillants ont perdu leur aspect maladif ; mon corps a recouvré toute son élasticité ; mais une ombre triste vole habituellement mon regard, mes éclats de rire ne résonnent plus comme autrefois dans les bois de Summerleas et, à mesure que le temps s’écoule sans m’apporter ce que je désire, un peu de courage me quitte chaque jour.

Cependant, je secoue ma torpeur et ne veux pas me laisser endormir dans une attente épuisante et vaine.

Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour remplacer le maître absent dans nos domaines.

Mise au courant par Foster, l’intendant, des besoins de nos paysans, de leurs maladies ou de leurs soucis, j’ai pris un vif intérêt au sort de ces gens.

On voit partout mon léger tonneau, traîné par les poneys infatigables.

En outre, au château, l’ordre et la régularité règnent sous mon ferme contrôle.

Anna et Thomas mis à la porte, le « coulage » a cessé comme par enchantement. Mrs. Hedgins dort des nuits paisibles et bénit les jours que je passe à Strangemore. La cuisinière est devenue un ange de douceur.

Mais, malgré ces journées comblées de salubres travaux, malgré tout, le souvenir du bien-aimé obscurcit pour moi la joie de vivre, et si je n’appelais souvent à mon aide la résignation et l’aide de Dieu, je me laisserais aller à un affreux découragement.

. . . . .

10 juillet.

Depuis deux jours, Roland est parmi nous, en congé.

Mon frère aîné m’a toujours témoigné une grande sympathie. Quoique nous ayons eu rarement l’occa-