brée de baigneurs élégants, se trouve une haute falaise de sanie et rochers, recouverts d’une herbe rare ; elle se termine en précipice à pic sur l’océan.
Arrivée là, je m’assieds et, d’autres fois, achevant de gravir la côte, lorsque je suis au sommet, je contemple l’infini et m’amuse à compter les vagues qui viennent mourir sur la grève, au-dessous de moi.
Assise dans cet endroit solitaire, je m’abandonne à mes rêveries, et je puis gémir ou pleurer à mon aise.
Quel peu de temps écoulé depuis celui où je n’étais qu’une enfant au cœur gai et léger !
Je sens maintenant, par là force du contraste combien j’étais heureuse.
Je ne savais pas, alors, ce que c’était qu’un chagrin, un soupçon de jalousie, une amertume ou un affront. J’ignorais cette sensation plus pénible que toutes : la solitude !
Ô tristes jours ! et nuits plus tristes encore quand l’oubli du sommeil qui serait le bienvenu ne peut me venir en aide !
L’autre soir, en revenant de la falaise, je suis entrée à l’église. J’ai pu prier longtemps. Réconfortée, mais non consolée, je suis revenue les yeux secs, et dans la soirée j’ai réussi à rire comme les autres.
J’ai été heureuse quand même de revoir mon cher nid.
Après l’agitation de la plage mondaine, c’est un doux repos que la solitude des champs ou des bois.
Dès le lendemain de mon arrivée, je suis accourue à Strangemore, le cœur palpitant d’apprendre du nouveau.
Non, rien… toujours rien !
Je me suis remise de bon cœur à la tâche que j’aime : celle de veiller de mon mieux sur nos propriétés en l’absence de mon mari.
Depuis mon absence et celle de Mark, les mauvais bruits qu’avait suscités la présence de l’Américaine se sont éteints d’eux-mêmes ; tout le monde me suit, quand je passe, d’un regard sympathique.
L’arrivée de ma sœur et de son mari a amené à Summerleas un grand mouvement de visites qui me fatiguent, aussi je les esquive autant que cela se peut.
Dora, qu’une précieuse espérance pare d’une grâce nouvelle, est aussi jolie sinon plus qu’autrefois.