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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/22

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PHYLLIS

« Cependant, je n’ai jamais rencontré rien de plus expressif, ni de plus séduisant.

Je respirai plus à l’aise. S’il ne s’agissait que d’une enfant le danger n’était pas sérieux. Comment pouvait-elle soutenir la comparaison avec Dora ?

— Oh ! dites-moi comment elle était, dis-je curieusement.

— Comment elle est encore, voulez-vous dire, car elle vit toujours dans le pays où elle est née.

« La décrire me semble impossible. À mon avis, la vraie beauté ne réside ni dans la taille, ni dans la chevelure, ni dans les traits.

« Elle existe, sans qu’on sache bien où, elle se révèle dans un regard, un sourire, une expression qui vous charment et vous enchaînent.

— Vous parlez d’elle comme d’une femme, dis-je en faisant la moue, je doute beaucoup que ce soit une enfant.

— C’est la plus grande enfant que j’aie jamais rencontrée. Mais à propos, me dit-il en me regardant tout à coup, comment dois-je vous appeler ? Miss Vernon est bien cérémonieux, et miss Phyllis ne me plaît guère.

Je me suis mise à rire :

— Moi non plus. Il me semble que j’entends Ketty. Pourquoi ne diriez-vous pas Phyllis, tout court ?

— Merci, Cela me plaît infiniment. Mais, dites-moi, Phyllis, n’avez-vous jamais fait faire votre photographie ?

Je répondis gaiement :

— Oh si ! Deux fois ! Une fois par un artiste ambulant qui nous a tous pris en groupe pour cinquante centimes par tête, autant qu’il m’en souvienne ; et une autre fois, à Carston. J’en ai fait faire une douzaine, mais, après en avoir distribué à tous les membres de la famille et donné une à Ketty, je n’ai plus su que faire des autres. Peut-être, ajoutai-je timidement, cela vous ferait-il plaisir d’en avoir une ?

— Si cela me ferait plaisir ? s’écria M. Carrington avec un enthousiasme qui me parut surprenant. Consentiriez-vous vraiment à m’en donner une, Phyllis ?

— Oh !… Pourquoi pas ? répondis-je. Elles ne servent qu’à encombrer mon tiroir depuis six mois. Je vous en donnerai une de Carston, je crois que ce sont les meilleures. Quand on cache les yeux, la ressemblance est parfaite.

— Qu’est-il donc arrivé aux yeux ?

— L’œil droit regarde un peu de travers. Le photographe a assuré que c’était mon expression habi-