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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/47

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PHYLLIS

bague de fiançailles que Mark m’a donnée, elle brille et jette mille feux quand je la fais miroiter au soleil.

Je possède aussi un beau médaillon orné de brillants sur lequel sont tracées les initiales P. M. V. Il contient une miniature très joliment faite de mon fiancé.

— Je crains, me dit-il en riant au moment où il me l’offrit, que vous ne teniez davantage au médaillon qu’au portrait.

— Mais si, protestai-je, je tiens beaucoup aussi au portrait, bien qu’à la vérité il m’arrive plus souvent de contempler l’extérieur que l’intérieur.

C’est ainsi que, peu à peu, je me trouve comblée de cadeaux pour la plupart extrêmement coûteux et, comme chez nous les belles choses et les bijoux ont toujours été fort rares, je sens croître autour de moi la considération qui s’attache à ma nouvelle situation sociale.

Le temps s’écoule cependant.

Noël est passé et le printemps montre déjà des signes précurseurs. Les primevères à cœur d’or étoilent l’herbe nouvelle ; elles sont entourées de myriades de sœurs : les violettes bleues et pourpres, les pâquerettes candides et les jaunes crocus.

— C’est le dernier printemps que je passe à Summerleas, dis-je l’autre jour à Billy, en me promenant avec lui dans notre jardin. J’étais dans un accès d’humeur mélancolique.

— Oui, me répondit-il, l’année prochaine, à pareille époque, tu tiendras cour plénière à Strangemore. Tu deviendras vite une femme à la mode ; et tu bouleverseras le comté de fond en comble.

« Pourquoi as-tu l’air triste aujourd’hui ? N’es-tu pas contente ?

— Non, pas tout à fait. Je suis inquiète. Tout sera là-bas si nouveau, si grand, si étranger ! Et surtout, tu n’y seras pas !

« Oh ! Billy ajoutai-je en jetant mes bras autour de son cou, c’est ce que je trouve de plus affreux ! Je t’aime trop pour te quitter.

— Et moi je t’aime aussi rudement, fit-il en m’embrassant avec brusquerie. Ma toilette en fut un peu dérangée. J’avais fait toilette, attendant la visite de Mark — mais cela n’a pas d’importance, ni pour Billy ni pour moi.

— Quelle drôle d’idée, reprit mon frère en s’étendant tout de son long sur l’herbe. Nous étions arrivés sur un petit tertre situé au fond du jardin dont nous avions fait notre endroit favori.

— … Quelle drôle d’idée de te marier ! Si c’était