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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/49

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PHYLLIS

Je restai devant lui sans voix et sans mouvement.

Billy, toujours allongé sur le gazon, regardait autour de lui pour découvrir la cause de mon mutisme, il finit par l’apercevoir ; aussitôt, sautant sur ses pieds, il se sauva honteusement, me laissant seule en face de l’ennemi.

M. Carrington s’avança doucement.

— Oui, me dit-il d’un ton calme, quoique ses yeux fussent brillants de colère, oui, Phyllis, j’ai tout entendu.

Je ne répliquai rien, étant bien incapable de proférer un son.

— Ainsi, continua-t-il avec amertume, vous ne m’épousez que pour mon argent ! Ainsi, au bout de six mois, je n’ai pas réussi davantage à toucher votre cœur ! Alors qu’il est plein d’une prévoyante tendresse pour chacun des vôtres, il n’y a aucun sentiment d’affection pour celui à qui vous avez engagé votre foi !

— Eh bien ! renoncez à moi, si vous me jugez ainsi, lui dis-je avec un sentiment de défi. Je vous rendrai votre parole.

— Non, je ne renoncerai pas à vous. Je vous épouserai malgré votre indifférence, j’y suis plus décidé que jamais.

— Si c’est pour me rendre horriblement malheureuse…

— Vous, malheureuse, par moi ? Ah ! Phyllis, dit-il d’un ton douloureux qui m’émut de pitié, vous ne pouvez donc pas comprendre à quel point je vous aime !

Je sentis que j’allais me mettre à pleurer, mais je fis un effort pour retenir mes larmes et demeurai tête baissée devant lui.

— Phyllis, dites-moi bien sincèrement si vous désirez, m’épouser ? me demanda-t-il brusquement. Il ne serait pas trop tard pour vous raviser ; répondez-moi avec franchise.

Je lui répondis très doucement :

— Oui, je le désire. Je serai plus heureuse avec vous qui êtes si bon pour moi, si indulgent, que je ne le serais avec n’importe qui. Mais il va sans dire que, si c’est vous qui n’y tenez plus…

Mark prit ma main.

— Pour gagner votre cœur, Phyllis, je donnerais avec joie tout ce que je possède. Peut-être, fit-il avec un triste sourire, avec le temps, un jour viendra-t-il, où vous me jugerez digne d’être placé dans vos affections au même rang que Billy, Roland et les autres ?

Je ne pus encore retenir mes sanglots, de contri-