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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/67

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PHYLLIS

moustaches longues et pâles, d’un blond si argenté qu’on les croirait blanches.

Ce matin, le capitaine Jenkins et M. Powell firent leur apparition, arrivant des casernes de Chillington ; ils furent suivis de près par un tout jeune homme dont on m’a bien dit le nom, mais je l’ai oublié, on ne l’entend appeler que Chip. Il est dans les hussards et possède un visage de séraphin.

Comme mon mari le plaisantait devant moi sur les nombreuses conquêtes qu’on lui attribue, il nous confia avec un grand soupir que depuis sa dernière saison à Londres il avait le cœur pris par une ravissante beauté. »

— Vous la connaissez, Carrington, elle est toujours avec votre sœur, lady Handcock.

— Miss Lilian Beatoun ?

— Ah ! ah ! vous l’avez dit.

— Eh bien ! vous avez de la chance, dit Mark en riant, miss Beatoun est arrivée aujourd’hui.

— Où cela ? Ici ?

— Ici même ! Le même toit vous abrite et vous aurez l’honneur de dîner avec elle.

— Non ! s’écria Chip, transporté de bonheur. Vous en êtes sûr ?

— Tout à l’heure ouvrez bien vos yeux en entrant dans le salon. Mais, si vous perdez les dix minutes qu’il vous reste pour vous habiller, vous ne dînerez pas et vous ne contemplerez pas votre idole.

Un quart d’heure plus tard, Chip offrait son bras à Lili et la conduisait triomphalement à table.

J’avais à ma droite mon beau-frère Handcock, galant, mais taciturne, à ma gauche sir Garlyle, le meilleur ami de mon mari, — sauf M. Brewster probablement.

En face de nous, Dora faisait des grâces à sir George Ashurst placé à côté d’elle. Jamais, je crois, je ne l’avais vue aussi candidement jolie, lorsqu’elle levait ses yeux innocents sur son vis-à-vis et lui souriait de ses lèvres roses.

Sir Francis surprit mon regard fixé sur elle et je vis un fin sourire glisser sur son visage.

— Mademoiselle votre sœur a encore embelli, me dit-il ; je ne sais pourquoi, mais le mot « ingénue » vient naturellement à l’esprit en la voyant. Si j’étais peintre, je voudrais faire son portrait telle qu’elle est ce soir, avec cette robe blanche, toute simple, une gerbe de lis dans les bras et, à ses pieds, un ruisseau murmurant.

« On pourrait intituler la composition : le Clair de lune. Je n’ai jamais vu plus de grâce dans le maintien ni de physionomie plus candide. Comment pour-