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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/80

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PHYLLIS

Là, trônait Dora.

Son doux sourire tenait en esclavage M. Powell et sir George.

À la grande stupéfaction de ce dernier, c’était à son autre soupirant qu’elle accordait, ce soir, ses plus aimables attentions. Aussi, le pauvre garçon jetait-il à son rival des regards chargés de haine… Ou bien, il jouait à l’indifférence et tâchait de se persuader que, pour cette fois, les attentions de Dora se trompaient d’adresse.

Rassurez-vous, sir George, et ne vous torturez plus l’esprit à ce sujet.

Quand le moment sera venu, votre bien-aimée ne se trompera pas d’adresse et c’est dans votre main que l’astucieuse Dora, à l’air si innocent, posera ses doigts effilés.

Lilian alla s’asseoir sur un canapé, tout près de son amoureux Chip.

Elle n’était plus pâle, bien au contraire.

Les vives couleurs de ses joues faisaient paraître ses yeux plus brillants… Jamais je ne l’avais vue si jolie.

Lord Chandos vint peu après saluer les personnes qu’il connaissait.

Il passa rapidement devant Lilian et ne vit pas seulement la main que lui tendait le pauvre Chip.

Je remarquai que, de toute la soirée, mon amie évita de se trouver auprès du jeune homme et causa avec une gaîté un peu forcée avec son jeune amoureux, étourdi de tant de bonheur.

Vers onze heures et demie, les chasseurs réclamèrent leurs lits et les adieux commencèrent avec les souhaits de bonne nuit.

J’allais tirer mon album de son tiroir à clef quand j’entendis doucement gratter à ma porte.

J’allai ouvrir et me trouvai en présence de Lilian déjà en toilette de nuit, ses beaux cheveux ondulés noués seulement par un ruban, elle me prit les mains et me dit d’une voix basse et précipitée :

— Oh ! Phyllis, pourquoi ne m’avez-vous pas dit que vous l’aviez invité !

— Lord Chandos, naturellement ? Ma chère Lili, Mark ne m’a appris qu’aujourd’hui qu’il lui avait demandé de venir. J’ai été aussi surprise que vous de le voir. Du reste, pourquoi aurais-je attaché la moindre importance à ce que vous le sachiez ou non ? Je ne pouvais pas deviner que vous l’aviez connu autrefois ni qu’il vous était pénible de le revoir.

Lilian prit une chaise basse, elle s’assit devant le feu, tisonna un instant les braises du bout de la