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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/85

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PHYLLIS

station, car il était près de cinq heures, je saisis mon mari par le bras :

— Mark, lui dis-je, William va-t-il chercher Billy ? Je voudrais bien y aller moi-même ! Ne croyez-vous pas qu’il s’attend à ?… J’hésitai à continuer.

Mark lut sur ma figure levée vers lui pendant un court instant, puis il me dit :

— Vous craignez qu’il soit désappointé de n’être accueilli que par un domestique ? Eh bien ! Phyllis, ôtez ce petit pli de votre front, c’est moi qui vais vous ramener votre Billy.

Et grimpant dans le dog-car, il se dirigea vers la station sans ajouter un mot.

Juste au moment où mon imagination désordonnée me représentait les boucles brunes de mon Billy éclaboussées de son sang, un bruit de roues arriva à mon oreille. J’aplatis mon nez contre la vitre, et, dans le crépuscule envahissant, j’écarquillai tout grands mes yeux pour mieux voir.

Je ne m’étais pas trompée ! ils sont là qui arrivent ! Un instant plus tard, le dog-car décrivait une courbe devant le perron, et j’aperçus mon frère en pardessus boutonné jusqu’au menton en possession des rênes. À côté de lui, sur un siège plus bas, comme un seigneur de moindre importance, était assis Mark tout souriant.

Un instant plus tard, Billy était dans mes bras.

— Oh ! Billy ! Billy ! et je m’accrochai à lui, des larmes dans les yeux et un sourire de bonheur sur les lèvres, — est-ce bien toi ? Il me semble qu’il y a des années que je ne t’ai vu ! Comme tu as grandi ! Et que tu as bonne mine !

— Mais oui, je vais très bien, merci, répliqua Billy en me rendant mes baisers avec chaleur, il est vrai, mais rapidement. Quant à avoir tant changé depuis un mois que nous ne nous sommes vus, cela ne me paraît guère possible ! Ah ! quelle course épatante nous venons de faire ! Pas une fois, tu entends bien, je n’ai eu besoin du fouet tout le long du chemin !

— Es-tu content de me voir, Billy ? T’ai-je beaucoup manqué ? Allons, viens dans ta chambre, et je te raconterai tout ce qui s’est passé depuis que je ne t’ai vu.

Au moment où je le tirais vers l’escalier, me disposant à l’entraîner, mes yeux tombèrent sur mon mari resté le témoin muet de cette petite scène, tout à fait oublié par moi. L’expression de son visage me toucha de remords. Je courus à lui et posai la main sur son bras.

— Merci de m’avoir amené Billy, dis-je vivement,