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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/86

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PHYLLIS

et de l’avoir laissé conduire, car je l’ai bien remarqué. Vous m’avez rendue très heureuse aujourd’hui.

— Vraiment ? Cela m’a été bien facile. Je suis enchanté de vous avoir donné un peu de joie, ne serait-ce qu’une courte journée.

Il me souriait, mais, tout en parlant, il dégagea doucement son bras de ma main et je compris au pli qui lui traversait le front que quelque pénible pensée lui était venue.

Immédiatement, je me sentis coupable et désolée, et je restais là, indécise, quand la voix de Billy vint me rappeler aux joies de l’heure présente.

— Venez-vous ? criait impatiemment le jeune autocrate qui avait déjà le pied posé sur la première marche de l’escalier. Il était chargé de cinq ou six gros paquets de papier brun qui encombraient ses bras. Évidemment, aucune force humaine n’avait eu le pouvoir de les faire entrer dans sa valise.

— Allons, Phyllis ! dit-il encore.

Et oublieuse de tout, sauf de sa chère présence, je courus après lui et le conduisis dans la chambre que mes propres mains ont embellie pour lui, pendant que l’élégant Thomas et la valise suivaient dans notre sillage.

— Billy, dis-je à peine entrée, tu sais que c’est un bal travesti, as-tu apporté un costume ?

— Bien sûr que non. Où l’aurais-je péché ?

— As-tu un smoking, au moins ?

— Pas davantage, Si tu crois que le pape me paie des smokings.

— Mon Dieu ! fis-je désolée, qu’allons-nous devenir !

— Ne t’inquiète pas, me répondit Billy tranquillement, puisque ton bal est costumé, je serai déguisé en collégien. Hein ? C’est une bonne idée ?

Je l’embrassai pour la peine.

— Langley dit que je suis très chic avec l’uniforme d’Eton — c’était vrai — et tu verras si je n’ai pas de succès.

Je vis que l’excellente opinion que mon cher frère a toujours eue de lui-même n’avait pas diminué. Je le quittai rassurée.

Après de longues discussions et hésitations, je me suis décidée pour un costume de Bohémienne. Il a l’avantage de mettre en valeur mes cheveux bouclés, d’un brun doré, et le petit fichu rouge qui me serre la tête fait ressortir l’éclat de mes yeux. Des sequins d’or retombent jusqu’à mes sourcils, la veste brodée d’or sur la chemisette de soie blanche, et la jupe courte en satin rayé de jaune et de rouge complètent mon costume.

Quand ma toilette fut achevée, entendant remuer