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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/88

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PHYLLIS

Un murmure flatteur accueillit notre entrée dans les salons où déjà la plupart des hôtes de Strangemore étaient réunis.

Au dehors, les voitures commençaient à rouler sur le gravier de l’avenue, et les portières claquaient devant le perron, déversant chaque fois de nouveaux arrivants.

Que de jolis costumes ! de couleurs bariolées !

Dès le seuil, c’était un éblouissement !

Voici ma belle-sœur Harriett en « Marie Stuart », sévère robe de velours noir et collerette de fine dentelle ; mère, en Maintenons lord Chandos en Espagnol ou toréador, doré sur toutes les coutures ; Dora qui descendit un peu plus tard, ravissante en bouquetière Louis XV : soie vert d’eau à bouquets, fichu de dentelles et couronne de roses dans ses cheveux poudrés.

La robe est à moi, ainsi que les dentelles et, Comme je ne les mettais pas, elle m’avait emprunté mon collier et mes bracelets de perles, ainsi qu’un beau diamant monté sur épingle qui brillait au milieu de sa coiffure comme une fantastique goutte d’eau dans un buisson de roses.

Telle, avec ses petits pieds chaussés de satin vert et grandes boucles de diamants, ma sœur ressemblait à une délicieuse miniature… guère plus animée, du reste !

Lady Blanche arriva la dernière, et l’on ne s’en étonna point à la vue de son brillant costume d’odalisque.

Elle me jeta en passant — sir Francis était justement occupé à rattacher l’un de mes bracelets de sequins — un regard indéfinissable et ne me dit pas un mot.

Un peu plus tard, je demandai à Lilian en désignant la belle odalisque :

— Pouvez-vous comprendre ce que je lui ai fait ? Je crois qu’elle ne m’aime guère.

— Ah ! Phyllis, fit-elle en riant, vous êtes naïve ! Elle ne vous aime pas et c’est clair pour tout le monde, parce que vous êtes jeune, jolie, et que vous lui prenez tous ses amoureux !

— Moi ? Desquels voulez-vous parler ?…

— Mais sir Francis d’abord, qui était son esclave avant de vous connaître, et puis… votre mari !

Avec un regard malicieux, Lilian disparut pour la première danse, enlevée par un gracieux Arlequin.

Sa Grâce, le duc de Chillington et lady Alicia arrivèrent de bonne heure. Inutile de dire qu’ils n’étaient pas costumés, mais la toilette somptueuse de Sa Seigneurie parée des plus magnifiques dia-