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RÉCITS DU LABRADOR

Éblouie d’abord, ma vue s’habituait peu à peu à cette incandescence, s’y plongeait avidement et j’assistais, troublé et ravi, à cette analyse merveilleuse de la roche aux entrailles indestructibles.

Le phénomène, cependant, touchait à sa fin, et la synthèse de toutes les substances désagrégées ou liquéfiées s’accomplit presque subitement. La matière reprit sa structure primitive.

La lumière semblait avoir changé de nature. Elle ne transformait plus les minéraux, mais elle pénétrait plus loin dans les profondeurs de la terre et mes yeux se reposaient alors sur les eaux bleues d’un lac entouré de mornes arrondis, complètement dénudés et tout sillonnés de filons entrecroisés de toutes couleurs. Les rives de ce lac étaient formées d’un sable très fin, très aggloméré et d’un blanc jaunâtre rosé. J’en distinguais nettement la texture et la composition. C’était du kaolin très pur, qu’eussent envié les fabriques illustres de Saxe, de Sèvres et de Limoges.

Du pied des roches, émergeant du kaolin même, s’élançaient plusieurs veines parallèles, d’un rouge sang de bœuf tacheté de violet irisé. Je reconnaissais le cinabre, si précieux comme minerai de mercure. Plus loin, des filons noir mat et noir brillant, constellés de parcelles lumineuses, se cô-