Page:Puyjalon - Récits du Labrador, 1894.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
RÉCITS DU LABRADOR

c’est qu’il y a des saisons où tous les lièvres que vous prendrez, en prissiez-vous mille et plus, appartiendront au sexe séduisant, lorsqu’en d’autres saisons tous ceux que vous capturerez seront pourvus des caractères du sexe répugnant.

Le lièvre est un animal essentiellement forestier. Il s’abrite en été sous les troncs abattus et l’hiver sous les branches touffues et tombantes des conifères que recouvre la neige. Il est plein de vivacité et de finesse. Il est très brave. Je ne l’ai jamais vu fuir sans qu’il y fût forcé. Ses mœurs domestiques sont détestables. Il s’habitue très vite aux pièges qui lui sont tendus et apprend plus vite encore à les éviter ou à les détruire.

Il sait très bien, au moyen des incisives tranchantes dont il est armé, couper les collets et les rendre entièrement inefficaces !

À ce propos, permettez-moi le récit d’une anecdote.

Un sauvage chassant le lièvre avait placé dans un chemin quelques collets en fil de laiton. Mais les animaux qu’il se proposait de prendre étaient bêtes futées et connaissaient à merveille la manière de les détruire. C’est en vain qu’il employa tous les moyens usités en pareille circonstance. Rien n’y fit et il dut abandonner son chemin