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RÉCITS DU LABRADOR

aux soins de sa femme, moins occupée que lui. Celle-ci ne fut pas plus heureuse que son époux. Intriguée d’un pareil insuccès, elle guetta les lièvres et s’aperçut bientôt que ces derniers s’asseyaient gravement à quelques pouces du collet avant d’en couper le fil.

Ce fut un trait de lumière, — les femmes ont toutes les intelligences. — Elle remit des collets partout où ils avaient été coupés ; puis, à quelque distance de chacun d’eux, elle enfonça plusieurs fiches de bois très acérées. Le lendemain, un grand nombre de lièvres étaient pris. Aussi puissamment chatouillés par ces pointes aiguës que prodigieusement surpris d’une impression si complètement inattendue, ils avaient perdu la tête et s’étaient précipités dans les collets.

Depuis cette époque, tous les chasseurs ont délaissé les méthodes anciennes de préservation des collets. Les lièvres n’ont point encore trouvé le moyen de combattre un procédé aussi persuasif que funeste ; mais ils y parviendront, n’en doutez pas.

Ils y parviendront très vite même, vous pouvez m’en croire. En attendant cette époque, je le chasse quelquefois au fusil. Rien n’est plus amusant que cette chasse qui se fait après les premières grosses bordées de neige qui précèdent le grand