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RÉCITS DU LABRADOR

adoptée, les Montagnais ont de la gaieté et de l’esprit. Peu de blancs échappent à leurs traits. Ils saisissent avec une extrême rapidité nos côtés ridicules et les stigmatisent avec justesse.

Je suis d’un naturel assez timide, et certains insectes parasites m’inspirent une véritable terreur. Pour me soustraire le plus possible à leurs atteintes, je me fais raser le crâne avec la plus impitoyable rigueur lorsque j’entreprends une expédition m’exposant à quelque contact suspect. Les sauvages se sont aperçus de suite de cette disposition disgracieuse de mon chef et l’ont caractérisée en me donnant en leur langue le nom de « Castor pelé » Castor est assez flatteur, mais pelé… Enfin !

La chasse a toujours été la passion dominante des sauvages. Quelques-uns, il est vrai, se sont adonnés à la pêche de la morue avec succès, et l’excellent M. Touzel, de la rivière Sheldrake, m’a affirmé ne pas avoir de meilleurs pêcheurs que les Montagnais, mais ils sont rares.

En général, tous demandent à la chasse et à ses dérivés leurs moyens d’existence et leurs plaisirs. La chasse est le but de leur vie.

Pendant l’été, ils parcourent la côte en tous sens à la poursuite des loups-marins et du gibier de mer. Aussitôt le mois