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Page:Puyjalon - Récits du Labrador, 1894.djvu/135

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RÉCITS DU LABRADOR

Le langage des outardes semble très varié. Elles possèdent des inflexions vocales différentes pour toutes les situations. Un cri commande l’immobilité ; un autre, l’attention ; un autre, le départ, etc…

L’œil de l’outarde est plein d’expression. Elle a au plus haut point ce que nous autres, hommes, appelons l’éloquence du regard. Rien n’égale sa prudence et il est difficile au chasseur novice de l’approcher. Elle a des habitudes d’une régularité chronométrique.

C’est ainsi qu’à la fin de septembre, ces oiseaux se réunissent en grandes troupes et ne manquent jamais, à toutes les marées basses, de venir manger sur les battures découvertes par la mer les zostères, plantes marines dont elles sont très friandes et que, pour cette cause, les chasseurs ont appelées : herbes à outardes. C’est en profitant de cette habitude que l’on parvient à en tuer quelques-unes, au passage, en se cachant sur leur parcours, et cet affût devient d’autant plus facile que les marées coïncident plus exactement avec le crépuscule.

L’outarde n’a, parmi les mammifères, qu’un seul émule, le castor, je l’ai déjà dit. Ce sont deux animaux parfaits, dont ne saurions étudier les mœurs sans rougir des nôtres. Aussi nous contentons-nous