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RÉCITS DU LABRADOR

facile. On les fendait sur le dos — ainsi l’exige le goût américain — à la manière du saumon, de la tête à la queue. On les nettoyait ensuite avec le plus grand soin dans de l’eau souvent renouvelée, puis on les salait dans des barils en les superposant régulièrement les uns aux autres. Le point difficile gisait dans cette dernière opération. Il fallait les saler dans une juste mesure, sans trop de parcimonie, mais aussi sans trop de prodigalité, — le défaut de salure les jaunissant et les poussant à rancir ; l’excès de sel leur donnant une saveur très peu engageante.

Le trap-net ou le trapp-nett, — je ne sais trop comment cela s’écrit — que les pêcheurs de la Méditerranée emploient depuis des siècles et qu’ils appellent le thonaire, est l’engin destructeur par excellence.

Qu’il soit tendu dans le but de s’emparer du maquereau, de la morue ou du hareng, il importe peu, tout s’y prend. Le saumon, le ouananiche, la truite et le thon s’y introduisent en grand nombre et y meurent, ou ne s’en échappent que tellement blessés que leur perte est assurée sans retour. C’est ainsi que j’ai vu détruire il y a quelques années, aux îles Cawi, une quantité prodigieuse de poisson variés, notamment trente ou quarante thons de forte taille qui s’étaient fourvoyés dans la « cham-