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RÉCITS DU LABRADOR

roches, ne manque pas de grâce lorsqu’elle nage. Son œil est vif, plein de douceur et de confiance naïve. Elle est la meilleure des mères, n’a qu’un mari à la fois et semble la plus fidèle des épouses. La suavité de sa voix est contestable, mais les sons qu’elle émet paraissent malgré tout pleins de tendresses.

Le mâle est très beau, vêtu de velours noir et de satin crème. Sa taille est imposante quoique trapue et ramassée. Comme celui de la femelle, son timbre manque de séduction. Cependant, lorsqu’il veut exprimer à cette dernière tout l’amour qui le consume, il roucoule à la façon d’une gigantesque tourterelle, en imprimant à sa tête et à son cou la plus singulière des impulsions. Il est plein de prudence et, si un danger vient menacer le couple, il est toujours parti le premier. Il semble avoir conçu pour la beauté de son plumage autant d’admiration qu’il a de respect pour son épiderme. Sa propreté est extrême. Dans sa jeunesse, il est gris foncé roussâtre.

Pendant l’hiver qui suit sa naissance, les plumes de son cou et de ses épaules commencent à blanchir, puis celle de sa tête et, enfin, toute la partie supérieure de sa poitrine et de son dos se colorent successivement de la teinte crème lavée de jaune