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Page:Puyjalon - Récits du Labrador, 1894.djvu/54

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RÉCITS DU LABRADOR

— Ne m’insultez pas, monsieur, me dit-il ; je ne sais pas ce que j’ai vu, mais ce que j’ai vu…

— Eh bien ! quoi ?

— C’était un homme. Un homme tout blanc. Il marchait dans l’eau… sous l’eau.

— Tu l’as vu ? À travers la toile de la tente ?

— Faut croire, monsieur.

— Tu as avalé trop de saumon et tu as eu le pesant, voilà tout.

— Peut-être bien, monsieur, mais c’est drôle tout de même, répondit-il d’un air peu convaincu.

Je le foudroyai de mon regard le plus chargé de mépris et, après avoir arrangé mes couvertures, je repris mon somme interrompu.

Le soleil était déjà haut sur l’horizon lorsque je me réveillai le lendemain matin. Thomas, rassuré, sans doute, par la présence de l’astre du jour, n’était plus sous la tente. Je sortis à mon tour et l’aperçus à quelques mètres au-dessus de moi, en contemplation devant un objet que je ne pouvais distinguer. Il me fit signe de venir le rejoindre et je grimpai jusqu’à lui en m’aidant des plantes qui poussent entre les anfractuosités des roches.

Sur un entablement assez large, et appuyée contre le flanc moussu du morne