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RÉCITS DU LABRADOR

— En dormant, alors, et sais-tu comment cela s’appelle ?

— Non, monsieur.

— Cela s’appelle rêver.

Thomas haussa respectueusement les épaules et ne souffla plus mot.

Après une dernière tasse de thé, nous reprîmes la mer.

Le soleil se couchait quand nous mîmes pied à terre près d’un poste de pêcheurs où nous devions passer la nuit. Comme toujours, ces derniers vinrent nous rendre visite sous la tente et nous adressèrent les questions d’usage : d’où venez-vous ? où allez-vous ?

Nous répondîmes à ces questions.

— Ah ! vous venez de l’anse du Trépassé ?

— Et vous y avez passé la nuit ? dit un de nos interlocuteurs.

— Certainement, répondis-je.

— Et vous n’avez rien vu, rien entendu ?

— Non.

— Cependant, hier c’était vendredi.

— Oui… À propos, qu’est-ce donc, que cette barge échouée si haut, dans le fond de l’anse ?

— C’est la barge à Johnny !

— La barge à Johnny ! exclamai-je.

Mon étonnement était profond et le