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RÉCITS DU LABRADOR

aidant, — presqu’aussi prudents que les auteurs de leurs jours.

Le loup-marin d’esprit se chasse au fusil en canot léger, les jours où la mer est calme. Il se prend aussi au chaudenette, sorte de filet spécial qui se tend près des échoueries ou roches sur lesquelles ils ont contracté l’habitude de venir se reposer, s’échouer au montant, et où ils se laissent assécher par le retrait du flot. Ces roches sont choisies de telle manière qu’ils n’aient qu’un faible effort à faire pour regagner la mer. Ces animaux, incapables de marcher, ne sauraient parcourir assez vite, pour échapper au danger, de longues distances sur des surfaces solides.

La chasse au fusil se fait en canot (je l’ai dit) et par les journées de calme. Le loup-marin d’esprit, comme tous les pinnipèdes du reste, ne peut rester bien longtemps sous l’eau et il revient forcément respirer au bout de quinze ou vingt minutes d’immersion.[1] Lorsque la mer est unie, on le voit émerger très facilement, ce qui ne saurait avoir lieu lorsque les flots

  1. Note Quelques chasseurs de loups-marins affirment que cet animal peut rester presque indéfiniment sous l’eau sans revenir respirer à la surface. Il serait intéressant de savoir ce qu’il y a de vrai dans cette étrange allégation, que j’ai entendu affirmer de très bonne foi par des chasseurs paraissant peu portés au mensonge.