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RÉCITS DU LABRADOR

larges fissures, et alors on attaque au bâton ; ou elle est brisée, profondément échancrée et sillonnée par de nombreux canaux d’eau libre, et l’on chasse au fusil.

Je ne parle pas de la position singulièrement pénible dans laquelle se trouvent certains chasseurs dont les navires sont incapables de briser à coups d’étraves les banquises trop épaisses qui les séparent des loups-marins et qui, comme Tantale, voient passer sous leurs yeux l’objet de toute leur convoitise sans pouvoir l’atteindre.

Dans le premier cas, c’est-à-dire lorsque la banquise est très grande, on chasse le loup-marin au bâton.

Les chasseurs, tout d’abord, se choisissent un chef puis chacun se revêt de vêtements blancs.

Les bâtons, branches d’épinette noire ou de tamarac de quatre pieds de long et de 2 pouces de diamètre environ, sont alors distribués et l’on débarque sur la banquise avec précaution.

Le chef de l’expédition examine avec soin le lieu occupé par les loups-marins, et il désigne à chacun le poste qu’il doit occuper. Dans ce choix, il tient grand compte de la distance qui sépare les phoques de la mer libre et de la direction du vent.

Ces dispositions adoptées et bien com-