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Page:Puyjalon - Récits du Labrador, 1894.djvu/80

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RÉCITS DU LABRADOR

arrivés est de débarquer les dépouilles qu’ils ont à bord. Puis ils séparent les peaux de la graisse qui y est encore attachée, salent les peaux, fondent ces graisses dans de grands chaudrons de fer, les embarillent et attendent les acheteurs.

Il arrive souvent que les preneurs achètent peau et graisse en bloc, avant toute séparation. Dans ce cas les prix offerts varient entre trois et trois cents et demi la livre et un beau loup-marin peut rapporter douze dollars. En général, on compte un louis de quatre dollars pour chaque piastre.

Certes, ce sont là de beaux revenus, et lorsque les goëlettes reviennent avec quinze cents ou deux mille loups-marins chacune, tous les chasseurs sont riches, ou le seraient, si leur imprévoyance ne les amenait à dévorer en peu de temps l’argent gagné en six semaines.

Mais il s’en faut de beaucoup que de semblables succès couronnent toutes les entreprises, et les captures se réduisent le plus souvent, depuis quelques années surtout, à cent cinquante ou deux cents peaux, c’est-à-dire à une somme à peine suffisante pour payer les avances des chasseurs.

En présence de ces faits, l’on se demande avec stupéfaction comment il se peut que les Acadiens n’aient point encore songé