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RÉCITS DU LABRADOR

à améliorer leur industrie de prédilection en se pourvoyant de bateaux indépendants des brises et assez forts pour rompre les glaces qui les séparent des loups-marins. La réponse est assez facile : ils sont très loin, ils sont pauvres et leurs pères faisaient ainsi ; il est malheureusement un motif plus sérieux encore : ils ne s’entendent pas entre eux.

Mais si les Acadiens sont impuissants à modifier leurs procédés de chasse et à s’enrichir, comment expliquer qu’une industrie si avantageuse entre les mains des gens de Terre-Neuve n’ait encore tenté aucun capitaliste canadien ? Comment se fait-il que les quantités considérables de chairs et d’os abandonnés sur les glaces n’aient encore trouvé aucun emploi ?

J’espère qu’il n’en sera pas toujours ainsi et qu’un jour viendra où toutes ces matières perdues exciteront l’attention d’un homme intelligent et riche, qui saura leur acquérir, dans l’industrie, la place que je m’étonne de ne pas leur voir occuper.